Les faïences de Quimper

 

Pourquoi trouve-t-on des faïenceries à Quimper?

 

Parce qu'il y a les trois éléments nécessaires à cette activité:

            L'eau. Quimper est au confluent du Steir et de l'Odet

            L'argile qui provient de l'anse de Toulven, en aval de la ville.

            Le bois qui était abondant dans la région à cette époque. Car du bois, il en faut! Pour une cuisson de 24 heures, trois cordes étaient employées. Chacune des trois manufactures pouvait faire jusqu'à trois cuissons par semaine... c'est donc une quantité de bois énorme qui était employée par les faïenceries.

 

Et depuis quand?

 

En 1690, Jean Baptiste Bousquet, maître faïencier originaire de la région de Moustier vient s'installer à Quimper. En 1731, son fils Pierre marie sa fille à Pierre Bellevaux qui vient, lui, de Nevers. A la mort de ce dernier, Pierre Clément Caussy de Rouen sera appelé et amènera avec lui ses poncifs et la décoration polychrome.

En 1771, la fille de Caussy épouse Antoine de la Hubaudière. La marque HB est alors utilisée pour cette maison qui va durer jusqu'à la fin du XXème et que l'on retrouve actuellement dans HB.HenRiot.

Deux autres fabriques s'installent aussi: Dumaine qui deviendra la fabrique Henriot et Eloury qui donnera Porquier.

Ces trois entreprises produisent surtout des objets à usage domestique: saloirs, écuelles, bolées, pipes...

En 1872, la fabrique Porquier engage un directeur artistique, Alfred Beau qui décore les pièces comme s'il s'agissait d'un tableau. C'est à cette période que l'on voit apparaître le petit breton glazik et la bretonne en coiffe que l'on retrouve encore aujourd'hui et qui ont fait le tour du monde.

En 1908, Henriot rachète Porquier.

Les deux entreprises restantes se font une concurrence acharnée, engageant de très nombreux artistes pour avoir la plus belle production possible.

Elles finiront par fusionner en 1968 mais la situation reste difficile car les ventes baissent inexorablement.

En 1984, les faïenceries passent sous contrôle américain et sont revendues en 2003 à Pierre Chiron, un homme d'affaires d'origine quimpéroise.

Aujourd'hui une cinquantaine de personnes travaille dans l'entreprise.

Pour faire vivre la société, de nouvelles voies sont ouvertes: appel à de nouveaux créateurs, création de bijoux en céramique, création d'objets d'art en série limitée... continuant ainsi une tradition de plus de trois siècles.

 

Comment c'est fait?

 

De nombreuses opérations sont nécessaires pour fabriquer une pièce. Nous allons vous en montrer les phases successives.

La création du moule.

A partir d'un modèle de départ, on crée une "mère" qui permet de réaliser le moule.

La préparation de la terre.

La pâte est conditionnée sous forme de boudins dont le diamètre sera adapté en fonction de la pièce à réaliser. Ledit boudin sera ensuite découpé en fine galettes afin de pouvoir l'adapter sur le moule.

Le calibrage.

La galette de pâte est lissée sur le moule.

Le pressage.

La pâte est introduite entre les deux parties du moule (un mâle et une femelle) et comprimée sous une pression de 20 tonnes.

 

Le coulage.

Les formes complexes sont fabriquées à partir d'un moule dans lequel la pâte est introduite sous forme liquide. Par capillarité le moule va absorber une partie de l'eau et l'argile va se déposer le long des parois.

Le finissage.

Après le façonnage, les pièces sont ébarbées et épongées pour enlever les aspérités.

La cuisson du biscuit.

Elle est réalisée par le fournier. Lorsque les pièces sont séchées, elles sont cuites à 1040 degrés pendant huit heures. Elles ressortent de couleur blanche et portent le nom de biscuit.

L'émaillage.

Avant d'être décorées, les pièces sont introduites manuellement dans un mélange d'eau et de verre qui permet de vitrifier la pièce pendant la deuxième cuisson.

La décoration.

Toutes les pièces sont décorées à la main par des peinteurs ou des peinteuses, celles-ci étant les plus nombreuses. C'est vraiment le nom de ces ouvriers hautement spécialisés.

Ils  utilisent souvent un poncif, calque percé de minuscules trous qui matérialisent le contour du dessin. Le poncif est posé sur la pièce à décorer, et on tapote avec une poncette, petite poche emplie de poudre de charbon de bois, pour déposer de tout petits points qui guideront ensuite l'artiste.

Les peinteurs utilisent deux sortes de pinceaux.

Les premiers sont fabriqués avec des poils d'écureuils (le petit gris de Sibérie) et ils servent pour les décors à la touche.

Les seconds sont en poils d'oreilles de boeufs et sont utilisés pour les tracés et les remplissages.

Mais un peinteur, et d'ailleurs beaucoup plus souvent une peinteuse, n'a aucun droit à l'erreur! Sitôt posée, la couleur est absorbée par le biscuit et il est impossible de revenir en arrière.

La deuxième cuisson.

Une température de 940 degrés est nécessaire pour vitrifier les pièces.

Le contrôle.

Toutes les pièces sortant des fours sont minutieusement contrôlées pour détecter la moindre imperfection.

 La prochaine fois que tu vas boire ton chocolat dans un bol en faïence de Quimper, tu vas peut-être le regarder différemment, non?

 

 

Les artistes.

De nombreux artistes ont travaillé pour les faïenceries de Quimper. Citons, par exemple:

René Yves Creston, Jeanne Malivel, Mathurin Méheut, René Quillivic, Francis Renaud... Actuellement des créateurs contemporains apportent leur talent aux créations quimpéroises: Olivier Lapicque, Patrick Cudenec, Costiou...

 

Pour des informations complémentaires:

*musée de la faïence. 14 rue JB Bousquet. Quimper.

*visite des établissements HB Henriot. (labellisée entreprise du patrimoine vivant). Place Bérardier. Quimper.

 

Un livre:

Faïences de Quimper. Bernard Jules Verlingue. Les indispensables. Coop Breizh

 

Photos:

Henriot, Bernard Galéron, Alain Passard.